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elections2007
15 février 2007

Bayrou à Bordeaux

François Bayrou a expérimenté hier à Bordeaux la distance qui sépare le microcosme du terrain. A 13 h, il déjeune dans un restaurant avec la presse. Sûr de lui, il laisse entendre qu'il sera au second tour de l'élection présidentielle, que « les Français veulent la rupture mais préféreront l'original [lui] et non les imitations, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ». Il se vante de son audience de la veille au « Grand Journal » de Canal+, « la plus forte de tous les temps ». Le candidat UDF se dit « capable de rassembler les Français et de gouverner avec les républicains des deux camps ». Quand un journaliste lui demande si l'UMP lui a proposé des ministères, Bayrou répond que c'est plutôt à lui d'« en proposer aujourd'hui » : « Je ne veux pas aider la candidature de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, je veux les devancer, oui, les battre. » Très à l'aise, il se dit prêt à proposer ce qu'attendent les Français : « des solutions con-crè-tes ».

Trois heures plus tard, les salariés de l'hôpital psychiatrique Charles-Perrens l'attendent pour une réunion. L'un d'entre eux est venu lui offrir ironiquement une rose parce que, sur Canal+, il a « osé dire qu'il était parfois plus à gauche que Ségolène Royal ». D'autres sont prêts à se laisser tenter : « Ce n'est pas je sois convaincu par lui, mais les autres ne me satisfont pas du tout. » A son arrivée, infirmières et médecins prennent la parole. Ils déroulent une liste de problèmes : violences quotidiennes, patients soignés dans les couloirs, 400 lits en moins en quelques années, multiplication des cas de névroses, absence de structures, emplois précaires... L'attente est grande, un syndicaliste note que sur le site de l'UDF, le mot « entreprise » apparaît 280 fois, « hôpital » treize fois, et « psychiatrique » jamais. Une infirmière résume leurs attentes : « Le système de santé n'est plus pensé en fonction des besoins des malades, mais de l'économie. »

Le président de l'UDF répond, mais on lui renvoie les lois que son parti a votées. Une patiente prend la parole, elle demande confusément son programme pour la santé et l'hôpital. Pas de réponse. Le candidat part à son meeting du Palais des Congrès. Déçus, les soignants voulaient, eux aussi, du « concret » : « Il nous écoute mais finalement, il n'a rien à nous proposer », conclut un cadre de l'hôpital. Dans la soirée, Bayrou réussira aisément son oral, mais devant une salle acquise.

Envoyé spécial à Bordeaux, Arnaud Sagnard(20 minutes)

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