mercredi 14 février 2007(journal sud-ouest):
On est obligé de voter pour lui ! Il est de Bordères ! » Jojo parle sans détour. Avec son béret et ses chaussures « agricoles », Jojo est un bon « client » pour les journalistes qui commencent à défiler à Bordères, village natal et de résidence de François Bayrou. La poussée du Béarnais dans les sondages apporte son lot de conséquences et notamment celles, pour le moment limitées, du débarquement médiatique. « Dimanche, j’étais avec mes vaches », poursuit Jojo, « quand des gens de M6 m’ont interpellé pour me faire parler de François. Il faut dire que je le connais bien ! Je me suis occupé de ses chevaux. »
« Je l’ai vu naître ! » Tout près, derrière la maison blanche de la famille Bayrou, ses voisins, Catherine et Jean Capdevielle-Saban, se prêtent volontiers au jeu des questions-réponses. Ils ont déjà été interviewés par « La Voix du Nord » et « VSD ». Sans jamais aller trop loin et avec une gentillesse illimitée, ils égrènent les anecdotes. « Si je le connais ? Je l’ai vu naître ! Je me souviens très bien de lui sur son vélo bleu ! » raconte Jean. Sa femme, Catherine est capable d’énumérer les prénoms de tous les enfants (six), et de tous les petits-enfants Bayrou (onze). Une famille « admirable, très cultivée », selon Catherine. Son mari renchérit : « Ils ont la culture dans les gènes. Ses parents déjà étaient plongés dans les livres. Ils privilégiaient la culture, pas l’agriculture ! François, petit, était pareil. Je me souviens d’une fois où il menait les vaches avec son vélo, et son bouquin. Il a tapé le nez dans le derrière de la vache. Il est tombé. La seule chose qu’il ait dite, c’est : ’’Mon livre’’ !
Un autre jour, il attendait le car pour aller au collège (à Nay) ou au lycée. Il écrivait à la craie sur la route, si bien qu’il a loupé le car. Sa mère, une sainte cette Emma, a été obligée de l’amener. » Jean poursuit : « C’était un garçon assez calme, très studieux, comme sa s ?ur qui est aujourd’hui ophtalmo. Je le revois, allongé par terre, lisant le journal, il devait avoir 8 ans ! » Jean et Catherine sont des fidèles parmi les fidèles. « Depuis 1978, sa première candidature, on suit son parcours. » Jean a les larmes aux yeux quand il raconte le dernier meeting de son illustre voisin, à Bordeaux la semaine dernière. Quand, en 1993, François Bayrou devient ministre de l’éducation nationale, le village organise une fête en son honneur. L’album est toujours là. On y voit Bayrou, dix ans plus tôt avec sa femme Babeth et le petit dernier.
« Un non-événement ». Tout le village n’est pas « gaga » du candidat à la présidentielle. Devant l’école, à l’heure de la rentrée de 14 heures, pour cette mère de famille « c’est un non-événement. Bayrou, oui, et après ? Ce n’est pas la première fois qu’il se présente ! » Le directeur de l’école n’est pas plus bavard. « On ne parle pas de ça avec les parents. On a tellement d’autres sujets à aborder. » Le week-end prochain, « François » sera de retour avec son portable, son tracteur et ses chevaux. Presque comme avant.